Et si la clé pour préserver notre cerveau à mesure que l’on vieillit résidait dans notre ventre ? Imaginez une boisson, simple à intégrer à votre routine, capable de freiner la progression de maladies neurodégénératives comme Alzheimer. C’est le pari audacieux d’une équipe de chercheurs américains, menée par le Dr Hariom Yadav, qui travaille sur une combinaison de probiotiques capable d’agir sur l’inflammation liée à notre intestin et ainsi de protéger notre cerveau.
Les probiotiques, une solution inédite contre Alzheimer ?
L’idée est aussi innovante qu’elle est simple : jouer sur notre microbiome intestinal pour protéger notre cerveau. Le Dr Hariom Yadav et ses collègues ont mis au point un cocktail probiotique multistrains qui, selon leurs recherches, pourrait réduire les risques de la maladie d’Alzheimer. Cette approche se distingue des traitements actuels qui ciblent principalement le cerveau. Au lieu de cela, ces scientifiques se concentrent sur l’influence de l’intestin et des inflammations qu’il peut déclencher.
« Normalement, les chercheurs étudient des probiotiques à une seule souche, mais nous avons découvert que lorsqu’elles sont combinées en une consortia, ces souches ont un pouvoir beaucoup plus grand pour manipuler les microbiomes », explique le Dr Yadav.
Comment ça marche exactement ?
Le microbiome intestinal est un écosystème vivant et complexe, composé de milliards de micro-organismes qui influencent notre santé de manière significative. Un déséquilibre de ce système peut mener à des inflammations, voire à des maladies chroniques, y compris des troubles cognitifs. L’une des hypothèses majeures des chercheurs : des bactéries nuisibles dans l’intestin pourraient affecter la barrière hémato-encéphalique (la protection naturelle entre le cerveau et le reste du corps), ouvrant la porte à des inflammations cérébrales.
Les études menées par l’équipe de Yadav montrent que ce cocktail probiotique, administré aux souris pendant 16 semaines, a permis une amélioration notable de leur performance cognitive. Les souris ayant reçu les probiotiques ont trouvé la plateforme immergée beaucoup plus rapidement que celles du groupe témoin.
Les résultats sont prometteurs : le cocktail semble non seulement améliorer la mémoire, mais aussi réduire l’inflammation dans le cerveau et même empêcher la formation de plaques typiques de la maladie d’Alzheimer. « Le cocktail réduit les protéines qui contribuent à la formation de plaques collantes dans le cerveau », confirme le Dr Yadav. Cela pourrait ralentir la progression de la maladie chez les humains.
L’inflammation intestinale, une menace insoupçonnée
Tout commence avec un phénomène bien connu des scientifiques : le « intestin perméable ». Dans cet état, des substances et micro-organismes nuisibles passent de l’intestin au sang, déclenchant une réponse inflammatoire dans tout le corps. Cette inflammation peut atteindre le cerveau, où elle peut aggraver les risques de neurodégénérescence. Le rôle de ce cocktail probiotique est donc de rééquilibrer le microbiome, en réduisant la population de bactéries nuisibles responsables de cette inflammation.
Le Dr Yadav compare l’inflammation dans le corps à un enfant en colère qui court dans tous les sens, semant la pagaille partout. C’est cette pagaille que le cocktail probiotique espère calmer, en équilibrant les bactéries intestinales et en réduisant ainsi la fuite de substances inflammatoires vers le cerveau.
Prochaines étapes : vers la commercialisation
L’équipe de Yadav n’est qu’au début de l’aventure. Bien que les résultats des tests précliniques soient encourageants, il reste encore beaucoup à faire avant de voir cette solution disponible sur le marché. « Nous sommes encore au stade où nous décidons si nous voulons créer notre propre start-up pour commercialiser cette technologie », déclare le Dr Yadav. « Nous devons d’abord réaliser un essai clinique, mais nous sommes optimistes ».