Les tendances alimentaires évoluent sans cesse, et le monde des produits laitiers n’y échappe pas. Si le lait de vache règne encore en maître sur nos tables, une alternative venue du désert commence à faire parler d’elle : le lait de chamelle.
Plus digeste, moins allergène et potentiellement bénéfique pour le système immunitaire, ce lait encore méconnu pourrait bien bousculer nos habitudes. Alors, simple effet de mode ou véritable révolution nutritionnelle ?
Un profil nutritionnel intéressant
Les chercheurs de l’Université Edith-Cowan, en Australie, ont récemment analysé les différences entre le lait de vache et le lait de chamelle. Verdict ? Le lait de chamelle se distingue par une teneur en matières grasses plus faible, variant de 1,2 % à 4,5 %, contre 3,8 % à 5,5 % pour le lait de vache. Moins riche en lactose, il pourrait aussi convenir à ceux qui digèrent mal les produits laitiers traditionnels.
Autre point notable : les protéines. Le lait de chamelle en contient entre 2,15 % et 4,90 %, des valeurs comparables à celles du lait de vache. Cependant, une différence cruciale existe : l’absence de bêta-lactoglobuline (β-Lg), une protéine souvent impliquée dans les allergies aux produits laitiers. En clair, ce lait pourrait représenter une option plus tolérable pour les personnes sensibles.
Des bienfaits potentiels pour la santé
Au-delà de sa composition, les chercheurs se sont penchés sur ses effets potentiels sur la santé. Et les résultats sont prometteurs. Le lait de chamelle contient un plus grand nombre de protéines liées au système immunitaire, dont certaines auraient des propriétés antimicrobiennes et antihypertensives. En d’autres termes, il pourrait aider à prévenir certaines infections et maladies cardiovasculaires.
Si des études supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ces bienfaits, les premières observations suscitent l’enthousiasme. « L’étude unique de la caractérisation des protéines allergènes dans le lait de chamelle et de vache a suggéré que le lait de chamelle pourrait être moins allergène, en raison de l’absence de β-Lg », indiquent les chercheurs.
Une alternative encore marginale
Malgré ces atouts, le lait de chamelle reste un produit de niche. À ce jour, 81 % du lait consommé dans le monde provient des vaches, tandis que les chamelles ne représentent que 0,4 % de la production laitière mondiale. Elles sont devancées par les bufflonnes, les chèvres et les brebis, bien plus courantes dans l’industrie laitière.
Alors, pourquoi cette faible part de marché ? Principalement en raison de la production limitée. Contrairement aux vaches, qui peuvent produire jusqu’à 30 litres de lait par jour, une chamelle n’en fournit que 6 à 8 litres. Une rareté qui rend son exploitation plus coûteuse et freine sa démocratisation.
Un futur lait tendance ?
Si le lait de chamelle veut s’imposer, il doit d’abord convaincre les consommateurs. Son goût est décrit comme léger, légèrement sucré et plus fluide que le lait de vache. Ceux qui l’ont testé semblent globalement séduits, et des marques commencent à s’y intéresser, proposant du lait de chamelle sous forme liquide, en poudre ou même en yaourts.
Selon The Independent, certains chercheurs voient en lui une base idéale pour des produits enrichis en nutriments, ouvrant la voie à une nouvelle génération de produits laitiers fonctionnels. Avec l’intérêt croissant pour les alternatives alimentaires saines et digestes, le lait de chamelle pourrait bien se faire une place sur le marché.
Si son adoption massive semble encore lointaine, le lait de chamelle coche plusieurs cases : moins de graisses, moins d’allergènes et un potentiel immunitaire intéressant. Reste à voir si l’industrie agroalimentaire saura relever le défi de sa démocratisation.