Dans un monde où le bien-être mental est mis à rude épreuve, certaines habitudes insidieuses peuvent miner notre équilibre psychologique sans que nous en ayons conscience. Selon plusieurs thérapeutes, il ne s’agit pas seulement d’adopter de nouvelles pratiques de bien-être, mais aussi de se libérer de comportements toxiques ancrés dans notre quotidien. Voici cinq réflexes à identifier et à modifier pour préserver son mental.
Se perdre dans ses pensées plutôt que de vivre l’instant présent
Il est naturel de réfléchir au passé et d’anticiper l’avenir. Mais selon la psychologue Elisabeth Morray, passer trop de temps à ressasser des souvenirs ou à imaginer des scénarios hypothétiques peut altérer notre santé mentale. Se focaliser sur le passé est souvent associé à la dépression, tandis que l’anxiété naît d’une projection excessive dans l’avenir.
Comment inverser la tendance ? La technique de la défusion permet de prendre de la distance avec ses pensées. Plutôt que de se dire « Ma vie est nulle », il est préférable d’adopter un discours plus nuancé comme « J’ai le sentiment que ma vie est nulle ». Cette reformulation permet de désamorcer l’impact émotionnel et de mieux appréhender la réalité.
Utiliser la punition comme moteur de motivation
Qui ne s’est jamais dit : « Je ne prendrai pas de pause tant que je n’aurai pas fini cette tâche » ? Ce réflexe, bien qu’il puisse sembler efficace, repose sur une logique autopunitive qui génère frustration et stress. La psychologue Lisette Sanchez rappelle que se fixer des restrictions excessives ne favorise ni la productivité ni la motivation à long terme.
L’alternative ? Transformer les tâches en expériences plus agréables. Plutôt que d’attendre la fin d’une activité pour s’accorder une récompense, pourquoi ne pas intégrer des éléments plaisants dès le départ ? Un chocolat chaud en rédigeant un rapport ou une playlist motivante pendant un ménage intensif peut changer complètement l’expérience.
Se comparer aux autres et évaluer sa propre valeur en fonction d’eux
Que ce soit dans la vraie vie ou sur les réseaux sociaux, la comparaison permanente est un poison pour l’estime de soi. Selon la psychologue Elisabeth Morray, ce réflexe nous pousse à nous juger sans cesse, souvent sur des critères biaisés.
« Vous comparez vos coulisses avec la vitrine des autres », résume-t-elle. En d’autres termes, nous confrontons notre réalité brute aux moments idéalisés que les autres choisissent d’exposer.
Comment s’en détacher ? Prendre du recul et questionner l’intérêt de cette comparaison. « Pourquoi suis-je en train de me comparer à cette personne ? », suggère Dr Morray. Diminuer l’exposition aux contenus déclencheurs, notamment en mettant en sourdine certains comptes sur les réseaux sociaux, peut aussi être une bonne stratégie.
Se rabaisser et cultiver l’autocritique excessive
L’autocritique est parfois perçue comme un moyen de progression, mais lorsqu’elle devient envahissante, elle peut miner la confiance en soi et favoriser la procrastination.
Selon la thérapeute Tracy Ross, il est courant de se dire : « Je devrais être plus productif » ou« Je ne fais jamais les choses correctement ». Pourtant, ces jugements sévères n’incitent pas à l’action, mais bloquent plutôt l’envie d’avancer.
Quelle approche adopter ? Remettre en question ces pensées. Quand l’auto-jugement se manifeste, le reconnaître avec une phrase comme « C’est mon juge intérieur qui parle » aide à mettre de la distance. Se demander si l’on tiendrait un discours aussi dur à un ami permet aussi de moduler son auto-perception.
Laisser une mauvaise expérience dicter l’humeur de la journée
Un imprévu fâcheux le matin et voilà la journée placée sous le signe de la contrariété. Ce phénomène, appelé biais de confirmation, nous pousse à rechercher inconsciemment d’autres éléments négatifs qui viennent renforcer notre vision pessimiste.
Dr Lisette Sanchez met en garde contre ce piège mental : « Vous cherchez maintenant tous les moyens de prouver à quel point vous êtes malheureux ».
La parade ? Reconnaître l’impact d’une situation désagréable tout en acceptant que cela ne doit pas conditionner le reste de la journée. Un moment agréable (envoyer un message à un ami, écouter une chanson réconfortante) peut inverser la dynamique émotionnelle et empêcher une spirale négative.