Dans une époque où l’image du corps parfait est omniprésente, il n’est pas surprenant que certains poussent leur pratique sportive à l’extrême. Mais quand la salle de sport devient une seconde maison et que chaque repas est minutieusement calibré pour optimiser la prise de muscle, une question se pose : jusqu’où peut-on aller avant que cela ne devienne un problème ? La bigorexie, ou addiction au sport, s’impose aujourd’hui comme un trouble réel, reconnu par l’OMS depuis 2011.

Si transpirer est une excellente manière de rester en forme, cette obsession du corps sculpté peut se transformer en véritable prison mentale et physique.

La bigorexie, c’est quoi exactement ?

Le mot bigorexie vient de l’anglais big (gros) et du grec orexis (appétit), soit une soif insatiable de développement musculaire. Selon cette étude, contrairement à l’anorexie, qui repose sur la privation, la bigorexie pousse à l’excès : entraînements intensifs, alimentation ultra-contrôlée, supplémentation à outrance, voire usage de substances pour accélérer la prise de muscle.

Les personnes concernées ont un sentiment constant d’insatisfaction, persuadées de ne jamais atteindre le physique “idéal” qu’elles poursuivent. Cette quête infinie de perfection touche autant les hommes que les femmes, bien que plus fréquente chez les adeptes de musculation et de fitness.

Réseaux sociaux et culte du corps : un cocktail explosif

Difficile d’échapper aux images de corps athlétiques sur Instagram, TikTok ou YouTube. Ces plateformes regorgent de transformations physiques spectaculaires, de routines d’entraînement “miracles” et de conseils diététiques stricts. Résultat ? Une normalisation des standards inatteignables qui entretient un cercle vicieux : plus on s’entraîne, plus on veut se rapprocher de ces modèles, quitte à y laisser sa santé.

L’essor des fitness influencers n’aide pas : leur quotidien semble dicté par des séances de sport sans relâche et une discipline quasi militaire. Pour les personnes vulnérables à l’image qu’elles renvoient, ces représentations alimentent une pression sociale grandissante et renforcent l’idée que le sport n’est plus une simple activité, mais une obligation.

Un impact physique et mental sous-estimé

Si l’on pense souvent que plus on fait de sport, mieux c’est”, la réalité est bien différente. Un excès d’activité physique peut avoir des conséquences graves sur le corps et l’esprit :

  • Fatigue chronique et blessures : fractures de fatigue, tendinites, douleurs articulaires… Un entraînement excessif use le corps bien plus qu’il ne le renforce.
  • Dérèglements hormonaux : chez les hommes, la testostérone peut chuter après des efforts prolongés ; chez les femmes, des troubles du cycle menstruel apparaissent fréquemment.
  • Isolement social : la priorité donnée au sport peut éloigner des amis et de la famille. Difficile de sortir manger une pizza quand chaque calorie est comptée au gramme près.
  • Troubles psychologiques : anxiété, dépression, perte de confiance en soi… Ne jamais se trouver assez musclé ou assez mince nourrit un mal-être profond.

À terme, la bigorexie peut mener à l’obsession du contrôle total, où chaque aspect de la vie tourne autour de la performance et de l’apparence physique.

Comment reconnaître les signes et retrouver un équilibre ?

Si vous passez plus de temps à la salle qu’avec vos proches, que vous culpabilisez après un jour de repos, ou que vous poussez votre corps au-delà de la douleur, il est peut-être temps de repenser votre relation au sport.

Selon le coach Rudy Coia voici quelques pistes pour retrouver une approche plus saine :

  1. Écoutez votre corps : il a besoin de repos pour se renforcer. Trop d’exercice peut être contre-productif.
  2. Redéfinissez vos objectifs : pourquoi faites-vous du sport ? Pour le plaisir, pour la santé ou pour suivre une injonction invisible ?
  3. Prenez du recul sur les réseaux sociaux : la plupart des physiques affichés en ligne sont le fruit d’années d’efforts, de sacrifices et parfois même de retouches numériques.
  4. Consultez un professionnel : un psychologue ou un coach spécialisé peut vous aider à reconstruire une relation plus sereine avec votre corps.

Le sport doit être un allié, pas une obsession. Trouver un équilibre, c’est accepter que la perfection n’existe pas et que le bien-être passe avant l’apparence.

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À propos de l'auteur

Rym El Kechai

Rédactrice web passionnée par le bien-être mental et physique, mon objectif est de vous offrir des conseils inspirants en vue d'une vie saine et équilibrée. Ensemble, parcourons le chemin menant à une version améliorée de nous-mêmes à travers chaque article.

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