Des études sur l’homme aux résultats encourageants
Appliquer ce modèle à l’homme est plus complexe. La longévité humaine étant bien plus élevée que celle des rongeurs, les études doivent s’étendre sur plusieurs décennies pour offrir des résultats solides. Pourtant, certaines recherches récentes apportent des éléments intéressants.
L’étude clinique CALERIE, menée sur deux ans, a démontré que réduire son apport calorique de 14 % entraînait des effets bénéfiques sur la santé métabolique et retardait certains marqueurs du vieillissement. De son côté, une équipe de l’Université de Columbia a observé qu’une baisse de 25 % des calories quotidiennes ralentissait le vieillissement de 2 à 3 %.
Des chiffres qui interpellent, mais les biais méthodologiques ne doivent pas être ignorés. Le groupe témoin de certaines études pouvait manger sans restriction, ce qui fausse les comparaisons. Une alimentation plus équilibrée et modérée pourrait suffire à obtenir des résultats similaires.
Une solution contre les excès alimentaires
Le rythme alimentaire moderne, souvent trop riche en sucres et en graisses, favorise le stress oxydatif et l’inflammation, des mécanismes impliqués dans le développement de maladies chroniques comme le diabète ou les troubles cardiovasculaires. Restreindre ses apports pourrait donc être une manière de corriger ces dérives, notamment via le jeûne intermittent.
Pour Nicolas Chauvat, auteur de S’initier à la médecine japonaise : « La restriction calorique peut être envisagée pour réduire les risques liés aux excès alimentaires. Mais ses effets chez les personnes en bonne santé ne sont pas si convaincants. »
Autrement dit, ce régime peut avoir un intérêt pour les personnes en surpoids ou souffrant de troubles métaboliques, mais il ne constitue pas une recette miracle universelle.
Une pratique à adapter selon les profils
Si manger moins peut être bénéfique dans certains cas, il ne s’agit pas de se priver excessivement. Le Pr Jacques Proust, spécialiste du vieillissement, insiste sur l’importance d’un équilibre nutritionnel : « Il ne s’agit pas uniquement de réduire ses apports caloriques, mais de fournir au corps tout ce dont il a besoin pour rester en bonne santé. »
Les personnes âgées doivent particulièrement faire attention, car perdre de la masse musculaire en vieillissant peut être dangereux. La priorité doit être de préserver sa force en combinant activité physique régulière et apport suffisant en protéines.
Faut-il adopter la restriction calorique ?
La réponse dépend de l’état de santé et du mode de vie de chacun. Si l’on souffre de surcharge pondérale, de troubles métaboliques ou de maladies inflammatoires, réduire ses apports caloriques peut être une stratégie efficace, à condition de ne pas générer de carences.
En revanche, chez une personne en bonne santé, manger varié, bouger régulièrement et éviter les excès semblent être les meilleurs alliés d’une vie longue et en pleine forme.
Finalement, plus que de manger moins, il s’agit surtout de mieux manger.