Les cigarettes jetables ont envahi les poches des ados comme des bonbons. Colorées, sucrées, faciles à trouver, elles ont tout pour plaire. Mais derrière leur apparence ludique se cache un fléau sanitaire et environnemental. Depuis février 2025, la France a dit stop : ces petites e-cigarettes à usage unique sont interdites. Trop addictives, trop polluantes.
La puff, un phénomène qui cartonne chez les jeunes
Tout droit venue des États-Unis, la puff a débarqué en France en 2019. L’idée ? Une cigarette électronique sans recharge, sans entretien, qu’on jette une fois vidée. Avec 600 à 700 bouffées en moyenne, elle dure quelques jours avant de finir à la poubelle.
Pourquoi un tel succès ? Son packaging flashy, ses parfums ultra gourmands et sa facilité d’utilisation en font un objet attirant. Pas besoin de se compliquer la vie : on déballe, on vape, on jette.
Le vrai problème ? Beaucoup contiennent de la nicotine, parfois en grande quantité. Comme l’explique le Pr Daniel Thomas, cardiologue et vice-président du Comité national de lutte contre le tabagisme (CNCT) : « Ce sont des cigarettes-bonbons qui ont pour but de séduire les ados ».
Et ça fonctionne. En 2022, 10 % des jeunes de 13 à 16 ans avaient déjà testé la puff, et 28 % des vapoteurs avaient commencé par ces cigarettes jetables.
Une addiction masquée sous un goût fruité
L’un des arguments des fabricants de puffs ? Certaines seraient sans nicotine, donc inoffensives. Faux, rétorquent les spécialistes. D’abord, parce qu’un grand nombre de ces produits en contiennent. Ensuite, parce que le geste du vapotage devient une habitude. « Le liquide qui permet de générer de la fumée n’est pas toxique, mais on ne peut pas dire qu’il est sain », rappelle le Pr Thomas.
L’Académie de médecine partage cet avis. Dans un rapport publié en février 2023, elle souligne que la puff crée une dépendance au geste, ouvrant la porte à une addiction plus large.
Et la nicotine dans tout ça ? Elle est ultra addictive. Encore plus que certaines drogues dures, comme l’héroïne ou la cocaïne. Conséquence : un ado qui commence avec une puff risque fort de passer à la cigarette traditionnelle.
Un désastre écologique en plus du problème sanitaire
Si le côté santé inquiète les médecins, les défenseurs de l’environnement ont eux aussi tiré la sonnette d’alarme. Plastique, batterie au lithium, usage unique… La puff est une aberration écologique.
L’Académie de médecine va plus loin et parle de « déchet toxique qui s’ajoute aux 4 500 milliards de mégots jetés annuellement dans le monde ».
Où finissent ces cigarettes jetables ? Pas toujours dans une poubelle. Beaucoup atterrissent dans la nature, aggravant la pollution des sols et des océans. Un constat qui a poussé plusieurs pays, comme l’Allemagne, la Belgique et l’Irlande, à interdire ces produits avant même la France.
Une interdiction devenue nécessaire
Face à la montée des alertes, le gouvernement a pris une décision radicale : interdire purement et simplement les puffs. Une loi adoptée à l’unanimité en février 2025 par l’Assemblée nationale et le Sénat met fin à leur commercialisation. « Si un ado utilise ce produit, il peut très rapidement devenir dépendant à la nicotine, bien plus addictive que l’héroïne, la cocaïne ou le cannabis, et se mettre à fumer des cigarettes », avertit le Pr Thomas.
En juillet 2022, l’Alliance contre le tabac réclamait déjà une interdiction immédiate. En avril 2023, une vingtaine de médecins et tabacologues signaient une tribune dans Le Monde pour alerter sur les dangers.
Mais alors, comment ces produits ont-ils pu autant séduire ? En grande partie à cause de l’absence de contrôle. Théoriquement, la vente de cigarettes électroniques est interdite aux mineurs. Mais dans les faits, les puffs étaient accessibles partout : bureaux de tabac, grandes surfaces, magasins spécialisés, voire rayons bonbons dans certains commerces.
Après l’interdiction, quel avenir pour le vapotage ?
Si les puffs disparaissent des rayons, le vapotage en général reste autorisé. Mais les règles sont strictes :
- Un taux de nicotine limité à 20 mg/ml
- Une interdiction totale de publicité
- Une notification obligatoire des produits auprès des autorités
L’objectif est clair : limiter l’accès des jeunes aux produits de vapotage et éviter une nouvelle génération d’addicts.