Le brocoli, ce légume vert souvent relégué au rang des accompagnements sans éclat, pourrait bien cacher un secret aux vertus insoupçonnées. Une étude récente de l’Université de Göteborg en Suède met en lumière un composé du brocoli, le sulforaphane, qui pourrait contribuer à réduire la glycémie chez les personnes atteintes de prédiabète.
Le sulforaphane : un atout naturel contre le prédiabète
Le prédiabète est une condition où la glycémie est élevée sans pour autant atteindre les seuils du diabète de type 2. Une prise en charge rapide via l’alimentation et l’exercice physique peut éviter une aggravation de l’état.
Dans une étude de l’Université de Göteborg en Suède, publiée dans Microbiologie de la nature, les chercheurs suédois ont analysé l’impact du sulforaphane, une molécule contenue en grande quantité dans les jeunes pousses de brocoli, sur les niveaux de sucre dans le sang.
Les résultats montrent que les participants ayant reçu ce composé ont enregistré une baisse significative de leur glycémie à jeun par rapport à ceux ayant pris un placebo. Anders Rosengren, l’un des auteurs de l’étude, explique : « Nous avons trouvé que le sulforaphane, un composé présent en grande quantité dans les légumes crucifères comme le brocoli, réduit la glycémie chez les personnes atteintes de prédiabète en diminuant la production excessive de glucose par le foie ».
Une efficacité variable selon les individus
Si le sulforaphane a montré des effets positifs, son efficacité semble dépendre de plusieurs facteurs, notamment le métabolisme individuel et la composition du microbiote intestinal. L’étude révèle que certaines personnes bénéficient davantage du sulforaphane, notamment celles qui :
- ont un indice de masse corporelle (IMC) modéré.
- présentent une faible résistance à l’insuline.
- ont un foie en bonne santé.
- possèdent une flore intestinale spécifique capable d’activer la molécule.
Les chercheurs ont découvert qu’un certain microbe intestinal amplifie les effets du sulforaphane, optimisant ainsi la régulation du sucre sanguin. Chez les individus possédant cette bactérie, la diminution de la glycémie à jeun a atteint 0,7 millimole par litre, un chiffre bien supérieur à la moyenne observée.
Peut-on espérer une alternative aux traitements médicamenteux ?
L’un des intérêts majeurs de cette étude est la possibilité d’exploiter le sulforaphane sous forme de compléments alimentaires. Rosengren précise cependant : « Il est difficile de consommer assez de brocoli pour atteindre les niveaux de sulforaphane utilisés dans notre étude. Plusieurs kilos par jour seraient nécessaires ».
Si l’idée de manger du brocoli en grande quantité peut sembler décourageante, des extraits de pousses de brocoli concentrés en sulforaphane existent déjà sur le marché. Toutefois, leur teneur en principe actif varie considérablement, ce qui complique leur utilisation en tant que traitement fiable.
Un rappel sur l’importance du mode de vie
Même si les résultats sont prometteurs, les experts s’accordent à dire que la clé de la prévention du diabète reste un mode de vie sain. Haley Bishoff, diététicienne spécialisée en nutrition végétale, souligne : « La recherche a montré un potentiel intéressant du sulforaphane pour réduire la glycémie, mais les meilleurs résultats ont été observés chez ceux qui avaient déjà une faible résistance à l’insuline et un microbiote intestinal équilibré ».
Elle insiste sur l’importance d’une alimentation riche en fibres et de la diversité alimentaire pour favoriser un microbiote intestinal en bonne santé. Son conseil ? Consommer des fruits, des légumes, des grains entiers et des aliments fermentés pour soutenir la régulation du sucre sanguin.
De son côté, Courtney Pelitera, diététicienne spécialisée en nutrition sportive, tempère : « Le sulforaphane n’a pas eu l’effet aussi spectaculaire qu’on l’espérait sur la glycémie. Toutefois, cette étude met en évidence l’importance du microbiote dans la gestion du glucose ».
Elle recommande de privilégier une alimentation équilibrée avant d’envisager une supplémentation, en misant sur des aliments naturellement riches en prébiotiques et probiotiques comme le yaourt, le kimchi ou encore le kombucha.